Chroniques concert - Quest au Sunset lundi dernier
Un peu plus d’un an après je retournais au Sunset, même musiciens, même groupe : Quest !
Il est sur que le gout que m’avait donné leur prestation l’an passé ne pouvait me faire rater leur retour !
D’autant que Dave Liebman (sax Ténor & Soprano), Richie Beirach (piano), Ron Mcclure (contrebasse)& Billy Hart (batterie) réunis, c’est pas fait pour durer, aussi grande que soit leur stature !
La salle comble, entassés comme des sardines sur nos chaises, je n’en demeurais pas des moins heureux, j’étais au 2ème rang, avec Dave à Liebman en face de moi à 2 mètres de distance, bien que ma voisine de devant me menait la vie dure !
L’attente était grande avec ce souvenir du feu qui c’était embrassé en ces lieux quelques mois auparavant !
Il est sur que pour Quest, il ne s’agit pas de tout faire pour rejouer les morceaux où ils les ont laissé la veille mais plutôt d’avancer, de les remanier, de les emmener vers d’autres horizons, de bousculer l’idée du concert de la veille pour tenter autre chose, pour creuser et surtout pour les jouer avec sincérité, avec l’émotion de l’instant.
Aller retrouver live ces 4 musiciens qui métrisent la musique à un niveau phénoménal, c’est aussi prendre un risque, celui d’assister à une prestation radicalement différente de la précédente puisque la liberté que Quest peut nous offrir a tant de facettes différentes que certaines d’entre elles ne seront pas à mettre entre toutes les oreilles !
Le concert est lancé par « Pendulum », l’hymne de la formation en quelque sorte, un grand classique !
Mais là, dès les premières mesures, on comprend que l’âme est vagabonde, qu’il ne va pas nous être donné de battre du pied facilement ! Mais bon, on se concentre, on ferme les yeux, on ne va pas bouder quand même car on a quand même en face de nous 4 musiciens impressionnants !
Bon, pas facile tout de même de passer d’un concert furieux dira-t-on, à un concert comme celui-là où les ambiances planent au niveau des structures, on cherche la cadence, le beat qu’on ne trouve pas et il faut donc jeter ses idées reçues et se concentrer pour rentrer dans leur univers.
Mais rapidement, on se rend à l’évidence, ca joue terrible, y’a pas à chier ! Perso, je distingue 2 axes, celui de Liebman / Beirach qui mènent la barque et se complètent magnifiquement au niveau de l’harmonie. Le 2ème axe, c’est bien sur McClure/Hart, une rythmique solide, puissante avec les roulements de Billy Hart qui nous rappellent la présence d’Elvin Jones, une présence infernale, et ce, sur un seul coup de baguette ! La rythmique est parée à toutes les éventualités pour propulser la machine et nous envoyer en l’air !
Dave Liebman se positionne en pilier, en premier soliste et la tournure des événements repose sur ces épaules j’ai bien l’impression car je ne reconnais pas le Richie Beirach qui m’avait tant impressionné l’an passé, il ne semble pas avoir envie de prendre des risques même si certaines cadences qu’il vient placer ici et là avec beaucoup de goût permettent au quartet de proposer un son original en emmenant beaucoup de contraste rythmique avec la section contrebasse batterie.
Quant à Dave Liebman, égal à lui même, un musicien haut en couleur qui ne semble cultiver aucune frontière quant à son expression harmonique, avec à la clef une énergie impressionnante !
Plus que quiconque, je trouve que ce saxophoniste, adepte du ténor & du soprano et de quelques flutes possède une des expressions les plus fouillées de la planète !
Il est sur que l’étude de son maître John Coltrane qui aura durée une dizaine d’année lui à offert un tremplin magnifique vers l’avenir. Fort de cette expérience, Dave a transcendé la musique de son maître pour aller plus loin, pour emmener ce matériel au combien riche ver un futur qui ne pouvait qu'être prometteur et qui en fait aujourd’hui un dès saxophonistes les plus sidérants !
De l’énergie, Dave Liebman en a à revendre, une énergie qui le pouvoir de vous scotcher dans votre siège, à se demander parfois quels sont les démons qui l’habitent et qu’il semble vouloir chasser de son fort intérieur, de son esprit comme pour s’apaiser après nous avoir délivré tout ses messages.
Encore une fois ce soir, le musicien ne nous a pas déçu, confirmant son immensité à travers cette quête de la vérité qu’il semble mener sans baisser les bras, avec parfois cette révolte, cette spiritualité qui nous emmène sur un terrain qu’il continuera jusqu’à son dernier souffle de défricher !
C’est sur, ce concert avait un tout autre goût et une saveur bien différente de celle qui m’avait été donné de découvrir au Sunset, quelques mois auparavant , générant sur moi au sortir du concert un certain manque mais aussi des pensées pour la 2ème sessions de 22h30 que le final à travers une version magnifique du « Footprins » de Wayne Shorter laissait présager plus enjouée !
En tout cas, je retournerais au possible voir jouer cette formation, qui a le mérite de ne pas se reposer sur ses lauriers, de proposer un jazz des plus sincères, des plus vivant, et qui de toute évidence réuni quelques uns des grands musiciens de ce monde !
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